Comme promis cette seconde partie sur le musée Rafael Larco Herrera va traiter de la place de l’argent et surtout de l’or dans les sociétés précolombiennes. Ce musée situé dans le quartier de pueblo libre au centre de Lima (petit rappel) est le musée, qui à mes yeux, a les plus belles pièces en or à proposer. Ce fut un régal pour moi de photographier tous ces objets brillants. Même si c’est pas évident de prendre de bonnes photos dans une forte obscurité.
Je conseille vivement quiconque va à Lima de faire un détour par ce musée.

 

5 – Les métaux dans l’ancien Pérou

Plat en orPlongeons nous dans l’ancien Pérou, époque à laquelle les terres appartenaient aux Incas, Mochica, Chimus, Chavin et autres sociétés. Oubliées les paillettes de notre monde d’apparence, à l’époque rare étaient les objets à briller. L’or et l’argent en faisaient parti, c’est pourquoi ceux-ci ont été qualifiés de métaux précieux et que leur a été conféré des pouvoirs surnaturels. L’or est la couleur du soleil et l’argent celle de la lune.

Voilà pourquoi les élites dirigeantes se sont appropriés ces métaux. Elles se paraient des bijoux crées par les orfèvres lors des cérémonies notamment, étincelantes à l’image des astres. Les élites affichaient clairement leur caractère divin et se faisaient les représentants des dieux dans le monde des mortels. Le peuple, ébloui, se soumettait à cette vision. Ce sont les mêmes élites qui contrôlaient les activités minières ainsi que la production des objets en métal. Les artisans, en tant que créateur d’objets éternels, avaient une place privilégiée dans la société.

 

6 – La guerre rituelle

De même, les cultures de l’ancien Pérou avaient une vision toute autre de la guerre que nous européens. Les tenues militaires européennes servent principalement à protéger les combattants tout en leur permettant d’être libre de leurs mouvements pour mieux frapper. C’est finalement l’aspect pratique qui prime dans le but de mieux donner la mort. Dans les cultures précolombiennes, les guerriers partaient au combat vêtus d’ornement et bijoux en métaux précieux. Oubliant l’aspect fonctionnel, c’est l’aspect religieux qui prime. La guerre est un rite pour recevoir les bienfaits des dieux. Pour combattre la nuit et faire briller le jour. Ou comme dans le cas des Incas, leur but était de civiliser le monde pour le dieu Inti (soleil). Suite aux combats, étaient entamés des sacrifices où on offrait le sang des vaincus. Des offrandes pour avoir en retour la continuité de la vie de la société. Dans des sociétés agricoles, avoir de bonnes récoltes la saison suivante était déjà bien suffisant.

Chemise en cuivre doré, côté nord du PérouÀ gauche nous avons une chemise composée de disques en cuivre doré symbole de pouvoir, ils devaient être accrochés à du tissu. Cette chemise cérémonielle faisait partie des tenues de combat portées par les guerriers de l’ancien Pérou. Il est fréquent de retrouver ces disques en or sur des objets vestimentaires des cultures du nord de l’ancien Pérou. On les retrouve aussi dans l’art Vicús et Mochica, en effet des céramiques représentent des dirigeants portant ces chemises à disques. Ce type de chemise habillait également les élites après leur mort.

 

7 – La mort des gouvernants

Loin de nos concepts occidentaux, dans les sociétés précolombiens la mort n’était pas synonyme de fin. Mais signifiait une étape de transition tout comme la naissance. Ou plus exactement de transformations, les humains accédaient dans le monde des morts. Quand aux gouvernants, ils devenaient demi-dieux ou ancêtres et se rapprochaient des dieux. La société devait veiller à ce que le passage vers l’autre monde se produise avec succès. Suite à cette transformation, les gouvernants garantissaient la protection de leur peuple depuis leur place de privilégié. Dans ce « culte des ancêtres », on prenait soin de ceux qui mourraient. De leur tombe, porte vers l’autre monde, de leurs vêtements et des rituels de passage.

Trousseau Chavin en orJe pense qu’avec cet article vous devriez apprécier le talent des orfèvres de l’ancien Pérou. Surtout avec cette pièce de la culture Chavin, un trousseau en or de l’époque dite « formative », j’y reviendrai plus tard. Une époque charnière pour le développement de la métallurgie dans l’ancien Pérou. Est représenté un homme aux traits d’animaux. Les crocs du félin, les serres du rapace et des cheveux en forme de serpent. Il s’agit donc d’un être surnaturel qui exprime les trois mondes, le monde des cieux, les mondes des vivants et les mondes des morts.

 

8 – Les objets cérémoniels en or et argent

L’or brille comme le soleil, l’argent brille comme la lune. L’un domine le ciel de jour, l’autre de nuit. L’or et l’argent symbolisaient le pouvoir de ces deux astres, de ces deux divinités. Ils traduisaient le concept de dualité, fortement ancré dans l’ancien Pérou. Les gouvernants politiques et religieux personnifiaient ces dieux sur terre, les grands seigneurs, dames, prêtres et prêtresses s’habillaient d’ornements et de parures en métal.
Les objets cérémoniels devaient pouvoir communiquer leurs contenus symboliques. Les orfèvres devaient faire concorder les exigences matérielles, iconographiques et l’aspect divin dans un seul et même objet :
– la forme pour accomplir une fonction particulière : récipient, couteau, ornement nasal, pectoral, couronne.
– l’iconographie : les motifs, dessins, personnages et scènes.
– les propriétés métallurgiques du matériau employé. Ils permettaient de fabriquer des objets avec certaines formes et caractéristiques finales spécifiques.
– la couleur, qui dépendait de aussi bien de la teneur en or, argent et cuivre de l’alliage que des traitements de surfaces appliqués à
certaines pièces.

Les boucles d’oreilles

Boucles d'oreilles Chimu

Parmi les ornements corporels, les boucles d’oreilles sont les éléments qui indiquaient le plus clairement le statut des personnes qui les portaient. Selon la taille, l’iconographie et la qualité de leur manufacture, on pouvait deviner la position sociale et l’identité de celui qui les portaient. Les lobes de leurs oreilles étaient généralement agrandis par ces ornements souvent imposants. Notamment chez les nobles incas, que les espagnols ont surnommés « orejones ».

 

Boucles d'oreilles mochicaEn haut à gauche vous pouvez voir des boucles d’oreilles en argent (entre 1300 et 1532 ap. J-C) de la culture Chimú. Sur lesquelles sont représentées les astres mais aussi les ancêtres divinisés. Vous avez ensuite des boucles d’oreilles en or de la culture Mochica (entre 1 et 800 ap. J-C). On peut  admirer l’utilisation de divers matériaux, minéraux, gemmes, de nacre et de coquillages. Cette diversité révèle la participation des élites dans des réseaux d’échanges à plus ou moins longues distances.

 

9 – La valeur de l’or

Couronne en orSi dans nos sociétés occidentales l’or a une grande valeur commerciale, c’est pourquoi les conquistadors ont volé tant d’objets, nous avons vu que pour les sociétés précolombiennes l’or avait une valeur bien différente. Symbole de pouvoir surnaturels et d’identité souveraine, ces dernières ont perdu bien plus que les conquistadors ont gagné. En effet, ils ont rapporté énormément d’or du nouveau monde. Mais cet or provenait surtout de l’exploitation de mines, en utilisant la force des peuples locaux.

 

Finalement très peu d’or a été extrait des objets, car grâce à la grande technicité des anciens orfèvres, les objets métalliques pouvaient être volumineux sans contenir beaucoup d’or. Certains même sont d’apparence en or mais sont en réalité faits de cuivre. Alors qu’ont perdu les sociétés précolombiennes ? Une élimination des emblèmes religieux et de prestige, soit une privation du pouvoir ainsi que la perte d’une part de l’identité des peuples andins. Les artefacts qui nous sont parvenus aujourd’hui sont riches, nous apprenons la vision du monde des peuples anciens. Une part non négligeable de la mémoire culturelle des pays d’aujourd’hui.

Une parure en or

Parure en or ChimuCette parure complète en or de la culture Chimú (1300-1532 ap. J-C) est unique. Elle est à ce jour la seule à être référencée dans un musée. D’après quelques rares indices, cette parure aurait appartenu à un grand seigneur enterré dans la ville de Chan Chan, capitale de l’ancien empire Chimú. Elle représente le pouvoir de celui qui l’a porté et sa relation avec le soleil.

La parure est composée de grandes plumes métalliques qui décorent la couronne et le bord du pectoral. Ces plumes symbolisent l’oiseau, l’être qui peut être le plus proche du soleil. Soleil représenté par l’utilisation de l’or pour toute la parure. Sur le pectoral ainsi que les plumes de la couronne, il y a une mosaïque de personnages avec des visages de félins portant une coiffe en forme de demi-lune. Nous retrouvons le concept de dualité.

 

 

Vase en bois MochicaLa première partie

J’espère vous avoir convaincu. Si vous passez par Lima, ne ratez pas le musée Rafael Larco Herrera et tous ces objets de métaux précieux. Sans oublier les céramiques vues en première partie.
Musée Rafael Larco – Première partie

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Guide Partir au Pérou

  • Pays : Pérou
  • Ville : Lima
  • Année : 2015

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